Coup de coeur parmi les cépages autochtones

Pour le 25e anniversaire du Concours, les organisateurs ont décidé de mettre en avant les cépages autochtones blancs.

Le coup de coeur cépage autochtone blanc sera donc décerné en avril prochain au domaine viticole qui aura présenté un vin issu d’une variété autochtone et qui aura fait l’unanimité auprès du panel de juges internationaux.

D’aucuns parleront de retour aux sources, aux racines profondes après ces deux années hors normes, dans tous les cas les vins indigènes existent partout dans le monde et sont un symbole de résistance et aussi de rareté. Un cépage autochtone combiné au travail du vigneron sur un terroir et un climat bien spécifiques est une équation intéressante. Certains vignerons et groupes de vignerons indépendants se mobilisent pour ces cépages parfois oubliés, pour eux et à juste titre, ils font partie du patrimoine viticole comme les savoir-faire ancestraux du monde du vin. Et si le winelover et le consommateur au sens large sont toujours à la recherche de dégustations originales et authentiques, c’est tant mieux !

C’est précisément l’histoire de ces vins-là que nous souhaitons écouter, partager et célébrer au Mondial des Vins Blancs Strasbourg pour fêter notre quart de siècle !

Zoom arrière sur la planète et la répartition des cépages. Des 10 000 variétés de vigne connues dans le monde, 13 couvrent plus qu’un tiers de la superficie viticole mondiale et 33 variétés en couvrent 50 %.

Certaines variétés de vignes sont plantées dans de nombreux pays et sont ainsi appelées « variétés internationales ». L’exemple le plus évident est le Cabernet Sauvignon qui est maintenant une des variétés les plus cultivées dans le monde (5 % de la superficie mondiale). Au contraire, il y a des variétés très cultivées mais qui le sont principalement dans quelques pays, comme le Kyoho essentiellement cultivé en Chine.

Le genre Vitis (80 espèces recensées) est constitué de deux sous-genres : Muscadinia et Euvitis. Le sous-genre Muscadinia comprend trois espèces , dont l’espèce M. rotundifolia, cultivée dans le sud-est de l’Amérique du Nord, qui présente un ensemble remarquable de résistances aux principales maladies cryptogamiques auxquelles la plupart des variétés de Vitis vinifera sont sensibles.

La majeure partie des vignes cultivées appartient au sous-genre Euvitis.

On les réunit en trois groupes :

• Le groupe américain est constitué de plus de vingt espèces, parmi lesquelles V. berlandieri, V. riparia et V. rupestris, qui ont participé à la constitution de porte-greffes pour faire face à la crise phylloxérique.
• Le groupe d’Asie orientale compte environ 55 espèces, d’importance jugée plus réduite pour la viticulture à ce jour.
• Le groupe eurasiatique est constitué par une seule espèce, Vitis vinifera L., qui réunit la plupart des variétés de Vitis dans le monde. On distingue chez Vitis vinifera la sous-espèce sylvestris (les lambrusques), qui correspond au compartiment sauvage de la vigne, de la sous-espèce vinifera, le compartiment cultivé.

La culture de la vigne a conduit à l’accroissement notable de la diversité génétique via la reproduction sexuée.

La conservation et le transport de la vigne par l’homme sous forme de pépins, pratique vraisemblablement courante dans le passé, a contribué à l’obtention de nouvelles variétés. De la fin du XIXe à la moitié du XXe siècle, le croisement interspécifique (c’est-à-dire entre espèces) de Vitis pour faire face à la crise phylloxérique a conduit à l’obtention d’hybrides producteurs directs (HPD) et de porte-greffes, et a de fait participé à l’accroissement de la diversité du matériel végétal. Enfin, les mutations génétiques naturelles, fréquentes chez la vigne et favorisées par la multiplication végétative récurrente, ont également accru cette diversité.

Le genre Vitis présente aujourd’hui une large diversité génétique, au travers de plusieurs milliers de variétés. Le catalogue international des variétés Vitis recense 21 045 noms de variétés parmi lesquelles 12 250 pour V. vinifera, mais il existe un nombre non-négligeable de synonymes et d’homonymes. Aussi, le nombre de cépages dans le monde est estimé à 6 000 pour la seule espèce V. vinifera.

Mais quels sont-ils ces cépages autochtones et où se trouvent-ils ?

Un cépage autochtone ou endémique est une variété de raisin native du terroir où elle est cultivée. Le cépage est alors caractéristique du vignoble où il se situe et naturellement adapté au sol et au climat.

Un exemple de cépage endémique : Le Sauvignon blanc est une variété à raisins blancs d’origine française, cultivée depuis plusieurs siècles en Val de Loire et en région bordelaise. D’ailleurs certains ampélographes lui trouvent de fortes similitudes morphologiques avec le chenin de la Loire. Cette variété est aujourd’hui très internationalisée (123 000 ha en 2015), étant présente dans tous les grands pays producteurs de vin. En Nouvelle Zélande, c’est le cépage le plus cultivé avec près de 20 500 ha.

Le Sauvignon Blanc a des synonymes : Sauvignon (AUS, NZL), Blanc Fumé (ZAF, CHL), Muscat Sylvaner (DEU), Fumé Blanc (DEU, AUS, CAN, USA, NZL), Weisser Sauvignon (MKD, HUN), Sovinjon Bel (MKD,HUN), Sauvignon Bianco (MKD, HUN), Sovinjon Bijeli (BIH), Sovinjon (BIH), Muškatni Silvanac (BIH, HRV), Sauvignon Bijeli (HRV, HUN), Sauvignon Blanco (CHL), Fume (CHL), Muscat Sylvaner (HUN), Gros Sauvignon (RUS), Sauvignon Vert (RUS), Pinot Mestny Bely (RUS), Sauvignon Verde (ROU), Zeleni Sauvignon (SVN), Sauvignonasse (SVN).

Un cépage peut donc être cultivé sur d’autres terroirs que sur ceux de sa région (pays) d’origine et permettre ainsi d’autres expressions liées au cépage certes mais aussi fortement aux diversités géologiques et climatiques du pays qui l’a accueilli.

Vous connaissez sans doute les cépages portugais autochtones Loureiro et Alvarinho. Mais saviez-vous que pour la région du Vinho verde dans le nord-ouest du Portugal, région balayée par des pluies abondantes portées par les vents de l’Atlantique, ces deux ne sont pas les seuls cépages représentants ? On compte en tout une dizaine de cépages blancs autochtones pour cette même zone dont les principaux sont : Alvarinho, Arinto, Azal blanc, Batoca, Loureiro et Trajadura.

Voici quelques autres sonorités qui font danser nos papilles :

Voyage en Italie  : Zibibbo (Sicile, famille du Muscat) et Cataratto (intervient dans la production du Marsala, Sicile), Ribolla Gialla (Frioul), la Glera* (intervient dans la production du Prosecco).

L’Assyrtiko et le Savvatiano de Grèce. Le Harslevelu hongrois, le KhiKhvi de Géorgie aux arômes proches du Tokay de Hongrie.

Clôturons la liste bien loin d’être exhaustive avec Le loin-de-l’oeil (du Sud Ouest de la France, Gaillac), loin des yeux pour certains peut-être mais proche du coeur de notre panel de juges experts en avril prochain, qui sait ?

Sources OIV.

*lien pour les italophones vers le blog de notre juge expert Lorenzo Colombo sur une actualité concernant le Conegliano Valdobbiadene Prosecco Superiore 

Frédérique Pierré 19/02/2023